LE REGARD
2005; restaurée en 2023
Sculpture murale composée de seize panneaux de contreplaqué peints, 52" x 52" assemblée
Inspirée de l’oeuvre Tête d’une fille en robe verte [Elizabeth Siddal] (1850—1865) de Dante Gabriel Rossetti, Le regard cherche à évoquer les subtilités de l’image de la femme et, de par ce fait, à porter un regard critique sur la condition féminine.
Suite à une esquisse, la vision de ce projet fut propulsée d’abord par un désir de fragmenter le portrait de cette femme au regard ambigu pour ensuite la rendre plus grande que nature. Par un processus de découpage, le visage de la femme s’étale sur seize panneaux de bois peints en noir, disposés de manière à former une grille.
Dans sa forme, la sculpture se caractérise par un rapport puissant entre l’espace positif et négatif. Le noir frappant de l’oeuvre contraste avec le blanc du mur rehaussant les intervalles entre chaque rangée et colonne, la grille émergente rappelant une fenêtre. Ou s’agirait-il d’une cage ? Et que dire de l’expression du visage de cette femme ? Elle semble dégager à la fois de l’intensité et de l’apathie.
Ici se trace une dualité entre la stature imposante du visage et son confinement à ce quadrillage, la femme ainsi réduite à l’état d’une prisonnière du regard d’autrui, voire d’une femme objet. À travers cette fenêtre, elle est observée, scrutée, épiée et pourtant l’inverse est tout aussi plausible. Impressionnante par sa taille, le regard perçant, son air réservé est intimidant par son indifférence — elle est l’observatrice. Grâce à son regard insaisissable, cette femme ne se dévoile jamais entièrement, lui permettant de s’échapper, de s’évader; elle n’appartient à personne.